Initier et soutenir l’apprentissage du français des étudiant-e-s des Masters en anglais

8 juillet 2016

Catégorie(s): Projets réalisés , Collaboration et interaction

REFERENCES DU PROJET

Faculté: Lettres
Année: 2014
Personne(s) de contact: Thérèse Jeanneret (Cheffe de projet)
Répondant: Nadia Spang Bovey (Ingénieure pédagogique, Faculté des lettres)

PRESENTATION DU PROJET

Nombre d’étudiant-e-s arrivent chaque année à l’Unil pour y suivre un Master dispensé en anglais (étudiant-e-s en mobilité verticale). Certains d’entre eux, ayant grandi et étudié à l’étranger avant de venir Lausanne, n’ont aucune connaissance du français et n’initient aucun apprentissage une fois sur place. D’un autre côté, de nombreux étudiant-e-s non francophones viennent étudier le français à l’Unil à l’Ecole de français
langue étrangère (FLE). Parmi ces derniers, certains ont pour objectif d’enseigner ensuite le français dans leur pays.

Le présent projet a pour but de faire se rencontrer ces deux types d’étudiant-e-s pour favoriser l’initiation au français des premiers et offrir une expérience d’enseignement du français aux seconds. Le dispositif est constitué d’une plateforme Moodle autour de laquelle s’organisent de petits groupes d’étudiant-e-s comprenant deux ou trois étudiant-e-s en Master qui viennent d’arriver à l’Unil et un étudiant-e de Français
langue étrangère (FLE) déjà intégré à Lausanne et formé en didactique. Le rôle de ce dernier est celui de médiateur interculturel et d’initiateur à l’apprentissage du français. Ces groupes sont suivis par une assistante, qui, à travers la plateforme Moodle notamment, les soutient dans leurs motivations en leur proposant des activités, de nouveaux objectifs, etc. L’espace Moodle est composé de différentes sections:

des activités et exercices pour les étudiant-e-s en mobilité à faire lors de la rencontre avec leur mentor FLE. Ces activités, en plus des les aider à apprendre le français, leur sont utiles aussi bien dans le contexte académique (p. ex. fonctionnement de l’Unil) qu’en dehors de celui-ci,
un forum au sein duquel l’assistante répond aux questions des étudiant-e-s,
des activités initiées par les étudiant-e-s.

De plus, l’assistante suit le déroulement du programme par des rencontres avec les mentors et avec les étudiant-e-s.

projetMasterAnglais2 — Extrait du blog sur lequel les étudiants peuvent partager leur expérience et les activités qu’ils ont réalisé lors des rencontres.

FICHE PEDAGOGIQUE

POINT DE DEPART

Une étude menée dans le cadre d’un mémoire de Master (par T. G. Li Rosi) montre que les étudiant-e-s qui arrivent à l’Unil pour suivre un Master en anglais ne s’investissent pas pour apprendre la langue du lieu, le français. Ceci semble être lié à deux facteurs principaux. D’une part, les difficultés rencontrées lors de leur arrivée à l’Unil, difficultés qu’ils attribuent à l’attitude négative des autochtones et qui les poussent à se désintéresser du contexte social francophone. D’autre part, la charge de travail et les exigences de leur programme d’étude.
Ces éléments sont à mettre en relation avec deux autres points. Ces étudiant-e-s non francophones qui arrivent pour leur Master semblent avoir une vision très scolaire de l’apprentissage d’une langue (liste de mots, tableaux de conjugaison, etc.) et auraient plutôt tendance à suivre des cours pour en apprendre une nouvelle. Cela viendrait en concurrence avec leurs cours disciplinaires et, le cas échéant, avec des cours d’anglais, langue dans laquelle ils suivent leurs cours mais qu’ils ne maîtrisent pas forcément. De plus, nombre de ces étudiant-e-s semblent avoir de la difficulté à comprendre les modes d’évaluation ainsi que les rapports au savoir en vigueur à l’Unil. Ces facteurs contribuent à l’impression qu’ils ont d’avoir une très grosse charge de travail.
Les buts de ce projet sont par conséquent multiples. D’une part, il s’agit de motiver et d’aider les étudiant-e-s en Master en anglais à apprendre le français par la socialisation et non par des cours formels. De plus, il s’agit de les aider à s’intégrer dans le milieu universitaire lausannois, notamment en les aidant à mieux comprendre les rapports au savoir et les modes d’évaluation qui prédominent à l’Unil.
Finalement, ce projet a aussi pour objectif de donner la possibilité aux étudiant-e-s en Français langue étrangère de mettre en pratique les concepts étudiés en didactique et ainsi de développer des compétences pédagogiques utiles pour leur future vie professionnelle.

SOLUTION ET CONCEPTION DE LA SEQUENCE
Afin de répondre aux besoins identifiés précédemment, le dispositif suivant a été mis en place. Dès leur arrivée à l’Unil, les étudiant-e-s débutants en français et suivant un Master en anglais sont invités à participer à une demi-journée d’initiation au français. Cette initiation a pour but de leur donner envie de se lancer dans l’apprentissage du français en proposant une approche séduisante et moins “scolaire”. Lors de cette initiation, ils font également connaissance avec leur potentiel mentor, étudiant-e de Français langue étrangère.
A l’issue de la séance, des groupes sont formés avec les personnes intéressés par le projet. En général, il s’agit d’un mentor et de un à trois menté-e-s. Chaque groupe fixe ensuite ses objectifs propres ainsi que la fréquence des rencontres. Les objectifs du groupe peuvent est, par exemple:
- accompagner les enseignements de français en transmettant un ensemble de savoir-apprendre,
- découvrir les ressources de l’Unil en terme de lecture, visionnement de films, écoute de CD et sports à pratiquer,
- réaliser ensemble des activités ludiques de résolution de problèmes en français (mis a disposition sur Moodle par l’assistante suivant ce projet),
- travailler en commun à partir de tâches dévolues à certains menté-e-sdans leur cursus.
Les étudiant-e-s mentors suivent une formation de 4 heures afin d’acquérir les compétences de médiation adéquates pour permettre aux menté-e-s de s’initier au français, de repérer les ressources leur permettant de se socialiser progressivement au français et de mieux comprendre la culture académique
locale.
Tout au long du projet, une assistante suit les différents groupes, les aide dans leur organisation et leur propose des exercices.

APPORT PEDAGOGIQUE DES TECHNOLOGIES

L’étudiant-e qui arrive pour suivre un Master en anglais s’engage de manière active dans l’apprentissage du français en reconstruisant au fur et à mesure ses repères à travers des expériences médiées par une personne bienveillante. Ceci évite une éventuelle perte de confiance en ses propres capacités d’apprentissage et/ou d’adaptation. De même, l’étudiant-e en FLE étant identifié comme capable
d’enseigner le français et comme intégré au réseau social prend conscience de ses propres capacités langagières et d’adaptation. En effet, ce dernier a également dû s’adapter et reconstruire ses repères lors de son arrivée à Lausanne. Afin que ceci puisse servir d’exemple pour leurs menté-e-s, les étudiant-e-s FLE proviennent de cultures et langues différentes, avec en particulier des étudiant-e-s venant de cultures et langues éloignées du français (p. ex. chinois, turc, arabe). Le but est aussi que les étudiant-e-s puissent échanger sur les éventuels difficultés d’adaptation et pour les mentors sur la manière dont
ils ont pu les dépasser. En plus d’un apprentissage du français par le biais de contacts sociaux, ce projet vise donc aussi à familiariser les menté-e-s avec les valeurs socioculturelles locales.