Des ressources proposées par le RISET (Réseau interfacultaire de soutien «enseignement et technologies») pour vous aider à intégrer les technologies dans votre enseignement
Héritiers des « travaux par projets (TPP) » développés par le professeur Jean Kaempfer, les « groupes de lecture » permettent une acquisition innovante de savoirs fondamentaux et complexes. L’intention, directement liée aux besoins, consiste à assurer une formation satisfaisante en théorie littéraire aux étudiants de français niveau BA, dans un contexte où l’ampleur toujours grandissante des effectifs (plus de 150 étudiants par année) rend difficile la pratique d’un enseignement qui conjuguerait à la fois la transmission des connaissances théoriques, l’élaboration d’une méthodologie de lecture et le développement d’une autonomie intellectuelle par rapport à celles-ci.
L’objectif découlant de ce constat est le suivant:
Inventer une formule permettant de préserver la transmission efficace des connaissances et l’exercice de la réflexion chez les étudiants, exercice encadré de près et faisant l’objet d’une mise en commun critique
Les compétences dont l’acquisition est visée sont les suivantes :
Découvrir, déceler et maîtriser les enjeux du corpus d’études critiques de manière à pouvoir en proposer une synthèse
Fonder et communiquer une prise de position intellectuelle par rapport à ce corpus
Acquérir une méthode de lecture pour faire face aux théories les plus complexes en littérature
S’habituer aux discussions contradictoires en adoptant des points de vue différents
La solution pédagogique retenue consiste à proposer aux étudiants deux cadres de travail complémentaires. En même temps qu’ils fréquentent un cours général d’histoire et actualité de la critique, les étudiants sont invités à se spécialiser dans un domaine en intégrant un « groupe de lecture ». Six à huit groupes sont constitués et placés sous la direction d’un assistant ; deux ou trois séances, au début du semestre, sont consacrées à la présentation générale du sujet et de ses enjeux, puis à la répartition des tâches par équipes de deux étudiants. Chacune de ces équipes étudie un dossier d’une centaine de pages, réunissant des textes de plusieurs auteurs qui présentent diverses positions pertinentes – et parfois antagonistes – concernant une orientation critique définie (sociologie et littérature, critique génétique, etc.). Pendant les semaines qui suivent, les étudiants étudient les corpus sous la direction d’un assistant, en adoptant différents rôles de lecture, qui sont autant d’étapes de la méthodologie : contexte historique et influences, notions-clés, étude de l’écriture théorique (ou de la traduction), applications envisageables, limites et critiques.
Au cours des différentes semaines, les étudiants présentent une orientation de lecture en étant animés par l’assistant. Un professeur responsable, spécialiste du domaine dans la section, assiste à une séance (vers la fin du séminaire) en enrichissant certains points théoriques et méthodologiques. Le séminaire s’achève sur un bilan des compétences acquises et sur les moyens de les utiliser dans différents contextes. L’ensemble est piloté par les deux professeurs responsable du cours ; chaque groupe est par ailleurs confié à la supervision d’un professeur spécialiste du domaine.
Ce projet permet d’associer les avantages d’un enseignement traditionnel avec ceux d’un tutorat, en y incluant en outre la dimension du débat ou colloque. La proximité et la personnalisation de l’encadrement, de même que la forte implication personnelle des étudiants sont particulièrement avantageuses dans le bilan pédagogique.
L’implication personnelle étant beaucoup plus significative que dans un séminaire traditionnel, se démarque le caractère stimulant, propice à l’émulation, propre à la formule des « groupe de lecture ». Ainsi, il n’est pas rare que des étudiants désireux d’approfondir la réflexion demandent à lire des textes supplémentaires, en fonction des problèmes rencontrés. Plus précisément, les étudiants ont l’occasion de travailler plus en profondeur avec les sources, de s’en approprier les contenus essentiels et d’obtenir un retour sur leur apprentissage en cours de formation. L’apprentissage est ainsi approfondi et devient plus facilement transférable.
Le modèle des « groupes de lecture » pourrait être expérimenté dans d’autres domaines de l’enseignement à la section, comme la linguistique française ou l’histoire littéraire.