Gestion de la diversité culturelle dans les salles de cours
REFERENCES DU PROJET
- HEC
- 2011
- Jörg Dietz (Chef de projet) Daniel Wäger (Autre)
- Emmanuel Fernandes (Ingénieur pédagogique HEC), +41 21 692 3427
PRESENTATION DU PROJET
Ce projet vise à renforcer l’intégration des étudiants d’échange passant un ou deux semestres de leur cursus universitaire à l’Université de Lausanne. À cet égard, ce projet a pour but d’identifier et de tester des best practices utilisés pendant l’enseignement afin de renforcer cette intégration des étudiants. L’amélioration de leur intégration contribuerait à renforcer l’offre pédagogique de deux manières. Premièrement, les étudiants en échange profiteraient d’une intégration améliorée au sens traditionnel du terme. Deuxièmement, l’ensemble du corps estudiantin profiterait d’un échange d’expériences et d’aptitudes diverses qui peut avoir lieu grâce à la diversité des origines des étudiants présents dans la classe.
Plus concrètement, le projet est divisé en deux parties:
a) L’implémentation d’un cadre pédagogique basé sur des best practices favorisant l’intégration et le mélange des étudiants d’échange avec des étudiants régulièrement inscrits dans le cursus universitaire de Lausanne à travers des techniques d’enseignements novatrices.
b) Une évaluation du dispositif décrit sous a) par rapport à son efficacité concernant sa capacité d’intégration des étudiants d’échange.
FICHE PEDAGOGIQUE
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De manière générale, le but envisagé est un enrichissement des possibilités d’apprentissage à travers une intégration des expériences diverses ainsi qu’une exposition de l’ensemble des étudiant-e-s à des perspectives différentes, novatrices et inédites. Le responsable de ce projet a été sensibilisé au potentiel de cette diversité culturelle rencontrée au sein même des classes grâce à plus de dix années d’expérience dans l’enseignement. Malheureusement, ce potentiel est trop souvent inutilisé à des fins pédagogiques.
Plus concrètement, cette intégration des étudiant-e-s d’échange devra se faire à travers l’identification de « best practices » qui faciliteront un échange amélioré parmi les étudiant-e-s, tant au niveau qualitatif (communication de perspectives diverses) que quantitatif (nombre d’étudiant-e-s contribuant activement au cours).
Le besoin pédagogique de ce projet repose sur le fait qu’un nombre important et croissant d’étudiant-e-s composant les classes de l’Université de Lausanne ne sont à Lausanne que pour une partie de leur cursus. Ainsi, nous comptions l’année passée parmi les 55 étudiant-e-s inscrit-e-s dans le cours « Cross-Cultural Management » pas moins de 17 étudiant-e-s d’échange – soit presque un tiers de l’ensemble de la classe. Autrement dit, les étudiant-e-s de l’Université de Lausanne sont de plus en plus confronté-e-s à un environnement d’apprentissage international. Cela rend la capacité de travailler à travers et au-delà des spécificités culturelles particulièrement importante.
Cette internationalisation croissante ne se restreint par ailleurs pas au seul environnement universitaire, mais – une fois diplômés – il y a de fortes chances que les étudiant-e-s de l’UNIL travailleront dans des environnements culturellement hétérogènes – avec des implications notamment sur la manière de collaborer avec des collègues aux origines culturelles diverses.
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Le scénario pédagogique envisagé est composé (1) de l’implémentation des « best practices » visant une meilleure intégration des étudiant-e-s d’échange (2) d’une évaluation de l’efficacité de ces « best practices », et (3) de la publication d’un article avec les résultats de cette évaluation dans une revue pédagogique. Les paragraphes suivants présentent davantage de détails sur ces trois parties.
1. Implémentation de techniques d’enseignements (« best practices ») qui stimulent l’intégration des étudiant-e-s d’échange et l’échange de perspectives multiples parmi les étudiant-e-s.
a) « Best practices » ciblés spécifiquement sur la diversité culturelle :- Intégration de différents modules de « collaboration à travers des barrières ». À la fin de chaque module, un « débriefing » aura lieu en plénum. Parmi ces modules figurent :
- Projet « virtual team » : les étudiant-e-s doivent parallèlement accomplir des tâches au sein d’un groupe ‘réel’ (avec lequel ils sont assis autour d’une table) et d’un groupe ‘virtuel’ (avec lequel ils sont connectés à travers leurs ordinateurs portables et des programmes comme Skype ou MSN Messenger). L’accent est ici mis sur l’importance de la « bonne manière de communiquer » afin d’accomplir certaines tâches, ainsi que sur la difficulté engendrée par la distance géographique.
- Projet LEGO : Les étudiant-e-s devront assembler des briques élémentaires de LEGO selon des instructions. Les étudiant-e-s seront divisé-e-s en groupes. La difficulté de cette tâche reposera sur le fait qu’une partie du groupe fera l’assemblage tout en ayant les yeux bandés alors que l’autre partie du groupe, les ‘voyants’, ne pourra que donner des instructions pour l’assemblage. Ici, l’accent est mis sur la collaboration entre des personnes aux compétences différentes.
- Exercice « océan acide » : les étudiant-e-s sont divisé-e-s en quatre groupes et installé-e-s séparément dans les quatre coins Page 3 d’une salle. Le milieu de la salle est un « océan acide » que les étudiant-e-s n’ont pas le droit de marcher dessus à l’exception « d’îles » (représentées par des assiettes en plastique). La tâche pour chaque groupe consiste à se déplacer de telle manière qu’il se retrouve à la fin de l’exercice dans le coin opposé de la salle. Cet exercice est conçu pour souligner l’importance de la communication à travers des groupes et que la coordination inter-groupes peut être essentielle pour accomplir certaines tâches.
- Exercice d’insertion dans différentes cultures : la classe est divisée en deux groupes. Chaque groupe apprendra à se comporter – à travers des codes comportementaux – selon une culture artificielle. Ensuite des membres des groupes « visiteront » l’autre culture et essayeront de s’insérer dans cette nouvelle culture. L’accent est ici mis sur la difficulté de comprendre des cultures méconnues et sur les possibilités de communiquer à travers des cultures différentes.
- Incitation à des présentations de la part des étudiant-e-s provenant de cultures étrangères afin qu’ils/elles puissent partager leurs expériences interculturelles par rapport à des problématiques précises.
b) « Best practices » génériques :
– Création d’un environnement social (non seulement un environnement d’apprentissage)
a) Introduction individuelle des étudiant-e-s se centrant sur leurs origines culturelles en début du cours.
b) Invitation de personnes externes ayant des problématiques interculturelles dans leurs parcours. Pour l’instant un ancien étudiant ayant fait un tour du monde ainsi qu’un ancien délégué du Comité International du Croix-Rouge (CICR) ont été contactés et invités.
c) Création d’un environnement qui facilite la participation active au cours
d) Travail de groupe en salle de classe. L’enseignant forcera les étudiant-e-s à travailler dans des groupes culturellement différents. Le but étant que les membres des groupes puissent travailler d’abord entre eux sur des questions qui seront traitées ensuite dans le plenum. Certains étudiant-e-s se sentent plus à l’aise pour participer en classe une fois qu’ils ont eu la chance de s’exprimer au sein de petits groupes.
e) Travail de groupe à l’extérieur des salles de classe et de semaine en semaine. Comme pour le point a., les groupes seront composés par des membres provenant de différentes cultures.
f) Encouragement de la participation : les étudiant-e-s provenant de différentes cultures ont des manières différentes de participer et d’interagir avec le professeur – certains lèvent spontanément les mains, d’autres préfèrent qu’on leur pose des questions, ou encore certains préfèrent être prévenus à l’avance. Ainsi, le but est d’utiliser des méthodes différentes pour ces différent-e-s étudiant-e-s. Le fait de les traiter différemment revient en effet à les traiter également, dans la mesure où tous les étudiant-e-s auront la possibilité de contribuer au cours.
g) Poser des questions du genre « comment cette situation serait-elle perçue ou serait-elle vécue dans tel ou tel pays ». Ce genre de question stimule la participation notamment des étudiant-e-s d’échange.
h) Introduction d’un enseignement centré sur les étudiant-e-s ; les étudiant-e-s parlent, l’enseignant reflète. Cette manière d’enseigner est soutenue par un enseignement basé sur des « cas », à savoir une utilisation de cas écrits par des enseignants dans le domaine – le responsable de ce projet en a également écrit plusieurs lui-même – qui donnent un certain nombre d’informations aux étudiant-e-s tout en leur Page A4 présentant les difficultés liées aux situations spécifiques du cas. Les étudiant-e-s seront ensuite amené-e-s à réfléchir à cette situation et à proposer des solutions.2. Évaluation des techniques d’enseignement. Cette évaluation sera faite de deux manières :
I. Le cours « Cross-Cultural Management » est composé de 14 sessions de 4 heures de cours par semaine. La plupart des sessions sera divisée en deux parties. Dans la première partie, l’enseignement se déroulera de manière traditionnelle, sans recours aux différents modules et techniques décrits sous 1. Dans la deuxième partie, l’enseignant aura recours à ces différents modules et techniques. L’assistant diplômé que le responsable de ce projet souhaiterait engager par le biais de ce projet FIP aura pour mission d’enregistrer la contribution des étudiant-e-s en termes de qualité, quantité et origine des étudiant-e-s. Pour donner un exemple, beaucoup de cas que nous discuterons en classe sont composés d’une partie A et d’une partie B. Ainsi, la partie A du cas sera discutée de manière traditionnelle alors que la partie B du cas sera discutée en ayant recours aux techniques de stimulation décrites ci-dessus. Ainsi, la différence entre la première et la deuxième partie du cours par rapport à la contribution des étudiant-e-s sera un indicateur de l’efficacité de ces modules et techniques quant à l’intégration des étudiant-e-s d’échange dans l’enseignement 1.. Il est également important de souligner qu’une seule technique d’enseignement sera évaluée par session.
II. Évaluation à travers un pré/post questionnaire : questionnaire rempli par les étudiant-e-s lors de la première et de dernière semaine en classe pour les interroger sur les techniques d’enseignements utilisées lors du cours. Les questionnaires ont pour but notamment d’identifier :
a) La manière dont les étudiant-e-s se sont senti-e-s intégrés au cours de Cross- Cultural Managment pendant le semestre et s’il y a eu une évolution dans ce sens-là.
b) La manière dont les étudiant-e-s ont développé des compréhensions et capacités interculturelles au cours du semestre 2.3. Avec les résultats de cette évaluation le responsable du projet planifie de publier un article dans une revue pédagogique sur l’efficacité des différents « best practices » pour l’intégration des étudiant-e-s en échange universitaire.
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La plus-value pédagogique apportée par ce projet se trouve à deux niveaux :
1. Il vise un apprentissage basé sur une réelle implication des étudiant-e-s dans la création, ainsi que le déroulement du cours afin de créer non seulement un environnement d’apprentissage, mais en plus un environnement social dans lequel l’apprentissage se déroule. Un apprentissage plus « profond », dans le sens d’un engagement plus actif de la part des étudiant-e-s, en sera le résultat.2. Au sein de cet environnement social, l’objectif est une exposition des étudiant-e-s aux expériences de leurs collègues et ainsi une confrontation avec des perspectives nouvelles, différentes et parfois potentiellement en conflit avec des perspectives plus établies. Un apprentissage plus « riche », dans le sens d’une sensibilisation à des points de vue divergents, en sera le résultat. L’amélioration de l’expérience d’apprentissage va de pair avec l’implémentation de ce projet. Le projet aboutira à une expérience d’apprentissage positive de la part des étudiant-e-s et permettra à l’ensemble des étudiant-e-s de développer non seulement des capacités liées au sujet enseigné mais en plus de renforcer leurs capacités sociales dans la mesure où ils devront accomplir des tâches précises en travaillant à travers des différences culturelles. Cela aboutira, en particulier pour les étudiant-e-s en échange, à une expérience d’apprentissage plus profonde et plus ‘intégrée’. Concernant l’ensemble des étudiant-e-s, ils/elles profiteront de perspectives et de manières de faire multiples.
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Une meilleure intégration des étudiant-e-s d’échange n’est nullement limitée au seul cours de Cross-Cultural Management. En particulier, l’expérience liée aux modules développés et utilisés pendant le cours ainsi que l’évaluation de l’efficacité de ces derniers pourraient profiter à d’autres enseignements tant à l’intérieur de la faculté des HEC que dans d’autres facultés, notamment dans les cours en SSP ayant comme sujet la diversité (culturelle ou autre).
Aussi, dans le sens où le responsable de ce projet aura également pour objectif de publier un article concernant l’efficacité des modules et techniques utilisés pendant le cours, ces résultats seront publiquement accessibles à tout le monde, augmentant ainsi les chances d’un partage de ces mêmes modules et techniques à plus large échelle.
Pour vous informer de manière plus générale sur les façons d’aborder les classes multiculturelles, nous vous proposons le document suivant du CSE (Centre de Soutien à l’Enseignement), rédigé par Messieurs Jorg Dietz et Daniel Wäger: « Best practices » pour une classe culturellement diverse : Travailler avec et tirer parti de la diversité des étudiant-e-s ».